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La psychologie du témoin

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La figure du témoin est une pièce fondamentale dans un procès. Ce qu’il transmet peut servir d’appui aux différentes preuves physiques que l’on présente au juge. Cependant, on ne peut pas considérer le témoignage d’un témoin comme un dogme de foi. Parfois, et même si l’on ne veut pas y croire, il se peut qu’il ne raconte pas toute la vérité. Que ce soit parce qu’il ment de façon délibérée ou parce qu’il a un souvenir biaisé des événements.

La psychologie du témoin essaye d’étudier, de comprendre et d’affronter les problèmes amnésiques. Ceux-ci affectent un individu. Et peuvent avoir une influence sur lui au moment d’émettre son témoignage face à un juge. Jusqu’à quel point pouvons-nous prendre au sérieux l’information qu’il nous donne? En fin de compte, le témoin est un être humain et de nombreux effets affectant les souvenirs peuvent avoir une incidence sur lui.

La mémoire dans la psychologie du témoin

Nous croyons toujours que notre mémoire est infaillible. Je me souviens de ceci ou cela comme si c’était hier. Ou aussi : c’est une chose que je ne pourrai jamais oublier. Combien de fois avons-nous dit/pensé de telles phrases ? Même s’il est vrai que nous pouvons nous souvenir de faits qui se sont déroulés il y a longtemps, les images mentales que nous reproduisons ne s’ajustent pas autant que nous le croyons à la façon dont nous les avons vécus.

Ils ne ressemblent même plus à ce que nous nous rappelions il y a deux jours. Notre mémoire est manipulée par le passage du temps et par les effets des informations erronées. Et, bien évidemment, plus le temps passe et plus la netteté de notre souvenir diminuera et se métamorphosera.

Aussi étrange et insolite que cela puisse paraître, nous pouvons nous souvenir de quelque chose que nous n’avons jamais vécu. La psychologie du témoin analysera ces processus pour essayer de minimiser les erreurs que l’on peut commettre.

 

L’effet de l’information erronée

Elizabeth Loftus et Palmer ont réalisé une étude pour démontrer qu’après avoir été témoins d’un fait, si l’on nous donne des informations additionnelles sur ce qui s’est produit, nous pouvons adapter le souvenir, sans le vouloir, pour qu’il s’ajuste à cette nouvelle information.

Dans l’expérience en question, on a demandé aux participants de regarder un accident entre deux voitures. Après cela, on leur a dit de déterminer la vitesse à laquelle roulaient ces véhicules.

Cependant, la question emploie un verbe différent dans chaque groupe: entrer en collision, se percuter, s’écraser, etc. Chacun d’eux avait des connotations différentes associées à la façon dont nous les utilisons dans notre langage quotidien. Ainsi, même si tous les sujets avaient vu le même accident à la même vitesse, après avoir évalué la force du choc, de la collision, de l’impact, la majorité a émis une réponse correspondant à ce que le verbe utilisé suggérait.

Facteurs influents dans l’information erronée

Il existe des sources mais aussi des conditions qui peuvent mener à une information erronée. Celle-ci peut modifier le souvenir d’un fait. Quand un accident se produit, par exemple, il est normal que les spectateurs en commentent les détails. Il est aussi possible que l’un d’eux, sans mauvaise intention, introduise un faux élément. Celui-ci peut finir par contaminer le souvenir des autres.

L’une des solutions proposées est donc d’essayer d’éviter que les potentiels témoins ne parlent entre eux. De la même façon, les médias se servent souvent des personnes qui ont vu ou entendu quelque chose. Ils nous donnent ainsi des informations mais de façon peu claire ou biaisée.

Par ailleurs, le temps qui s’est écoulé depuis que nous avons observé le fait jusqu’au moment où nous en faisons le récit va être déterminant. Il est plus facile d’assimiler une donnée erronée avec le temps. Pourquoi? Parce que l’information est moins récente. Il est donc moins probable que nous percevions les incohérences entre notre souvenir et la nouvelle information au fur et à mesure que nous nous éloignons de la date de l’accident.

L’entretien cognitif dans la psychologie du témoin

L’un des moyens employés pour essayer d’obtenir le plus d’informations possible (et de qualité) est l’entretien cognitif. Il a été développé par Fisher et Geiselman en 1984. Ils ont observé que la police perdait une bonne partie des informations lors de ses interrogatoires à cause d’un manque d’habileté. Par ailleurs, elle gâchait des ressources en suivant de fausses pistes.

La psychologie du témoin a eu une influence sur le développement et l’amélioration de l’entretien cognitif. Il s’agit d’un modèle créé pour améliorer la relation entre l’intervieweur et l’interviewé. Il se base sur la création de rapport, primordial pour établir un environnement de confiance. L’interviewé, s’il ne se sent pas intimidé, apportera beaucoup plus d’informations.

psychologie du témoin

En quoi consiste l’entretien cognitif ?

L’entretien cognitif emploie des questions ouvertes afin d’obtenir des témoignages. De cette façon, on émet une question qui permet au témoin de parler librement, en décrivant tout ce qui s’est passé. L’avantage de ce type de question face à une question fermée est clair.

La question ouverte permet à la personne de raconter les faits comme si elle narrait une histoire. Une question fermée, elle, limite la réponse à un événement très concret. Les erreurs commises peuvent donc être plus grandes et la question peut en outre introduire un biais.

Techniques de l’entretien cognitif

Ce modèle emploie quatre techniques:

  • Rétablir le contexte: reconstruire mentalement les circonstances dans lesquelles les faits ont eu lieu. Les émotions ressenties permettent de récupérer davantage d’informations.
  • Tout raconter: prolongement du premier point. Tout ce qui fait partie du souvenir doit s’inclure dans le récit.
  • Se souvenir des événements dans un ordre distinct: au lieu de faire un récit de la première chose qui s’est passée à la dernière, cette méthode suggère de livrer un récit dans l’autre sens (en remontant dans le temps, au lieu d’avancer).
  • Changer de perspective: nous placer mentalement à un autre point. Par exemple, si nous étions dans un coin du magasin qui a été cambriolé, nous pouvons imaginer comment les choses auraient pu être observées si nous avions été au niveau de la caisse.

Modification inconsciente du souvenir

Les résultats obtenus dans différentes études avec l’entretien cognitif ont démontré que cette technique, grâce à la façon dont les faits étaient racontés, à l’empathie et à la confiance générée entre les deux parties, augmentait la quantité de détails corrects sans faire grimper la proportion d’erreurs.

Nous devons bien nous dire qu’un témoin est soumis à différents facteurs, circonstances personnelles ou environnementales qui ont une influence au moment de se souvenir d’un fait. Très souvent, une erreur dans son récit ne signifie pas qu’il mente. Du moins, pas toujours. Il a juste changé son souvenir de façon inconsciente. Même s’il est sûr que ce fait s’est produit de cette façon, ce n’est pas toujours le cas.

La psychologie du témoin aide à trouver de nouveaux outils ou à améliorer ceux qui existent. Elle permet d’optimiser les informations que nous pouvons obtenir à propos d’un fait. Mais pouvons-nous toujours nous fier aux souvenirs des témoins? Non. Pouvons-nous obtenir davantage d’informations vraies des témoins? Comme nous l’avons vu, il s’agit du principal champ d’application et de recherche de la psychologie du témoin.

 

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